Jour N° 3 : Refuge de la Chaumette – La Chapelle en Valgaudémar Durée : 12h25
A ce stade, il faut prendre une décision importante : soit on renonce, soit on passe de force les 3 cols qui nous attendent, malgré le temps incertain. On passera, mais encore une fois pour éviter les orages, nous partons de bonne heure, très bonne heure, à la lumière des torches, à 5h50 en plein brouillard.
Nous traversons la couche nuageuse vers 2200m environ. C’est là que nous rencontrons notre premier chamois.
Le col de la Vallette (2668m) se fait sans histoire, sauf sur la fin où après avoir loupé un lacet, on avance hors piste dans un pierrier assez glissant. La descente de l’autre côté du col paraît par contre vertigineuse. En fait nous descendons presque en courant dans une sorte de poussière de schiste.
Le petit col de Gouiran (2597m) ne nous résiste pas longtemps et en plus il nous offre une superbe vue sur une mer de nuages qui a envahi la vallée en contrebas. A l’inverse, le col de Vallonpierre (2607m) ne se laisse pas faire aussi facilement. Loin de là. Plus d’une fois, il faut s’aider des bâtons pour escalader des grandes dalles de schiste mises à nu et rendues glissantes par le ruissellement des pluies de la veille. Et plus d’une fois nos pieds se dérobent, emportés dans les pentes détrempées.
Enfin, nous atteignons le sommet tant bien que mal au milieu d’une purée de pois innommable. Comme le vent est à notre avantage, nous pensons tous trouver l’autre versant dégagé, et bien non, c’était pareil. Des nuages, des nuages partout. Mais le plus dur était fait.
Nous rejoignons le refuge de Vallonpierre (2271m) qui correspondait à la fin de l’étape que j’avais prévue, vers 11h30. Mais comme d’une part nous sommes transis par le froid et l’humidité ambiante, et que d’autre part le Sirac ne nous montrera plus ses dents aujourd’hui, (étant définitivement entouré de nuages épais) nous décidons de poursuivre la route jusqu’au village de la Chapelle ; surtout qu’il reste encore tout l’après midi à passer. Bien sûr, s’il avait fait beau, le bivouac au pied du lac aurait était formidable, et avec une journée de plus nous aurions fait un détour par le refuge de Chabourneau (2050m) en passant au pied des glaciers du Sirac. Mais bon.
La descente dans la vallée se fait au milieu d’un décor digne de carte postale. D’ailleurs, on repère bien les endroits d’où sont prises les photos de certaines cartes que nous avions déjà achetées. Sauf qu’aujourd’hui, il y a les nuages entre l’objectif de l’appareil photo et la montagne. Heureusement, le soleil se taille une part de plus en plus belle.
Pour la petite histoire, c’est là, au milieu des près en fleurs que nous croisons le beau-frère à Edouard qui fait le même circuit dans l’autre sens. Le monde est petit quand même.
Un brin de causette, et nous reprenons la route après cette pose improvisée sous une chaleur qui devient de plus en plus insoutenable. C’est vrai, on s’était habitué à des températures beaucoup plus fraîches !
Bien que la suite du parcours reste tout aussi magnifique, plus le temps passe, plus on a tendance à regarder le bout de nos souliers et occasionnellement les panneaux qui nous indiquent le temps qui nous reste à souffrir avant d’arriver au village (temps qui bizarrement correspond de moins en moins à nos propres chronos).
Nous arrivons à la Chapelle en Valgaudémar (1091m) peu après 18h00, ce qui nous aura fait mine de rien une journée de 12h00 de marche, 1100m de montée, et 1500m de descente. Autant dire que le soir on n’a pas traîné. Les courses (ça faisait 4 jours qu’on vivait sur nos réserves), la bouffe, la douche et au lit. Rien d’autre à signaler si ce n’est un orage juste avant de se coucher qui plonge le camping dans le noir complet. Tant pis pour ceux qui traînent sous la douche.
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